Piu Piu, nederpop étrange et attachante

Encore une belle curiosité venue des Pays-Bas. Piu Piu, c’est un groupe qu’on pourrait presque qualifier de fantôme s’il ne nous restait pas quelques traces sonores et visuelles. Formé au tout début des années 80, quelque part entre Amsterdam et une cave pleine de synthés en plastique, ce petit groupe néerlandais a laissé trois disques intrigants avant de disparaître aussi discrètement qu’il était arrivé.

L’histoire démarre vers 1981. Piu Piu s’inscrit dans cette mouvance "nederpop" — terme générique pour désigner la pop néerlandaise des années 80, souvent teintée de new wave ou d’électro naïve. Le groupe sort un premier mini-LP 10" en 1982 chez Misha, intitulé Laga Laga. Un objet aujourd’hui rare, avec des titres aux accents synthétiques et aux refrains parfois absurdes. Un an plus tard, ils apparaissent sur une compilation du concours Grote Prijs van Nederland, un tremplin musical assez important dans le pays à l’époque. On y retrouve deux titres : « Laga Laga » et « Marsepeiner Baby ». Ce dernier deviendra "culte" pour les amateurs de pop bizarre.

En 1984, ils reviennent avec un disque autoproduit, Nougat, publié chez Epic (!), qui contient six morceaux dont les fabuleux « Loeki Poell » et « Flughafen ». Oui, les titres sont déjà tout un programme. L’univers est étrange, enfantin, vaguement surréaliste — quelque part entre Devo, les tout débuts de Mécano, et une pub pour du fromage fondu. Pas sûr qu’ils aient été très pris au sérieux à l’époque, mais le charme opère.

Musicalement, on navigue entre pop synthétique low-fi, boîte à rythmes fatiguée et lignes de basse naïves. Le chant est souvent décalé, avec un accent batave assumé. C’est parfois bancal, souvent maladroit, mais ça fait mouche. Le groupe n’a jamais vraiment percé commercialement, et sa trace reste limitée à quelques disques pressés à petite échelle. Aucune réédition, peu d’infos sur les membres, pas de pages officielles. Le néant ou presque.

Voici un premier extrait de leur premier single autoproduit !