Chris Isaak versus Elvis Presley

En octobre 1994, Memphis a vécu un moment assez unique : une grande soirée hommage à Elvis Presley, sobrement intitulée Elvis: The Tribute.  J’ai déjà parlé plusieurs fois ici de Chris Isaak, dont j’apprécie la voix et la fidélité à une certaine esthétique fifties. Alors quand ces deux passions (Elvis et Chris) se croisent, ça mérite bien un billet dans votre blog préféré.

Le 8 octobre, à la Pyramid Arena de Memphis, un casting impressionnant s’était réuni pour célébrer Elvis : Carl Perkins, Jerry Lee Lewis, Bryan Adams, Iggy Pop, Dwight Yoakam, Cheap Trick, et j’en passe. La soirée a été diffusée en pay-per-view avant de passer plus tard sur la chaîne ABC, mais il n’en reste malheureusement aucune édition officielle en DVD ou VHS, sans doute pour des histoires de droits trop compliqués. Ce qui est certain, c’est que parmi tous ces hommages, un moment particulier s’est distingué : Chris Isaak reprenant Blue Moon accompagné par deux figures légendaires, Scotty Moore à la guitare et D.J. Fontana à la batterie, les tout premiers musiciens d’Elvis. Pour ajouter encore plus d’authenticité, Lee Rocker des Stray Cats tenait la contrebasse.

Cette rencontre est incroyable à plusieurs niveaux. Isaak a toujours revendiqué son admiration pour Presley et pour cette tradition rockabilly qui a traversé les décennies (il enregistrera quelques-uns des standards du king à l'occasion de son hommage aux studios Sun). Le voir chanter avec Moore et Fontana, c’est comme un passage de relais symbolique, un instant où le temps se replie sur lui-même. On retrouve l’élégance un peu mélancolique d’Isaak, mais aussi la pulsation brute du tout premier rock’n’roll, celui qui a bouleversé la planète depuis Memphis dans les années 50. La prestation circule en vidéo sur internet et elle est aussi incluse dans l’album It’s Now or Never: The Tribute to Elvis, sorti chez Mercury, qui compile une partie des performances de cette soirée.

En tant que fan d’Elvis, je ne peux qu’être touché par ce genre de moments, où l’hommage ne sonne pas comme une récupération mais comme un véritable acte de filiation. Cette soirée d’octobre 1994 reste un jalon discret, presque oublié car jamais réédité officiellement, mais qui incarne parfaitement la magie d’Elvis et l’empreinte qu’il a laissée sur des générations d’artistes.