Les Flamin' Groovies

Les Flamin’ Groovies, je les ai toujours écoutés. Pas forcément en boucle, pas toujours de manière consciente, mais ils ont toujours été là, planqués quelque part dans ma discothèque. C’est un de ces groupes qui n’ont jamais cartonné dans les charts, qui n’ont pas rempli les stades, mais qui ont laissé des traces partout. Formés en 1965 à San Francisco par Cyril Jordan et Roy Loney, les Groovies attaquent fort avec un rock’n’roll nourri aux années 50, un garage rock un peu foutraque mais toujours habité. Leur premier album Supersnazz sort en 1969, mais c’est surtout avec Flamingo (1970) et Teenage Head (1971) qu’ils frappent un grand coup. On a souvent dit que Teenage Head était le petit frère de Sticky Fingers des Stones, sorti la même année, et franchement la comparaison n’est pas déconnante.

Quand Roy Loney quitte le navire en 1971, c’est Chris Wilson qui prend la relève au chant. Le groupe change alors de direction et s’oriente vers une power pop élégante, truffée de guitares Rickenbacker et de refrains qui sentent les Beatles et les Byrds. De cette période sort leur morceau culte Shake Some Action en 1976, produit par Dave Edmunds, qui reste aujourd’hui leur carte de visite. Le problème, c’est que le grand public ne suit pas, mais les musiciens, eux, écoutent. Les Ramones, Blondie, R.E.M. et pas mal d’autres ont repris le flambeau en reconnaissant la dette.

Ce que j’ai toujours aimé chez les Groovies, c’est ce mélange d’énergie brute et de mélodies soignées. Ils n’ont jamais vraiment choisi entre le rock’n’roll originel, le garage des sixties, le proto-punk et la pop brillante des seventies, et c’est probablement ça qui les rend intemporels. Ils se reforment plusieurs fois, y compris dans les années 2000 et 2010, et vont jusqu’à sortir un disque en 2017, Fantastic Plastic, comme pour rappeler qu’ils n’ont jamais cessé d’exister, même en pointillés.

Au fond, les Flamin’ Groovies ne sont pas qu’un groupe culte, ils sont un fil rouge. Pas besoin d’avoir tous leurs albums, pas besoin de les citer pour se donner un genre : ils font partie du décor, une sorte de respiration discrète mais essentielle dans l’histoire du rock.

Nous sommes à Stuttgart en 1987, les Groovies s'attaquent à un des classiques des magnifiques Plimsouls.