Voilà un des rares groupes néo-gothique français né au début des eighties et qui existe toujours. Bien sûr, Clair Obscur a su se transformer et se réinventer. Tout commence à Creil, en 1981, où les frères Christophe et Nicolas Demarthe se lancent dans cette aventure musicale qui très vite devient aussi un terrain d'expérimentation visuelle aussi. D'après leur site web : "De toutes les formations qui animèrent la
scène cold wave et industrielle française des années 1980, Clair Obscur
est certainement l’une de celles dont le rayonnement fut le plus vif
au-delà des frontières de l’Hexagone. Plusieurs de ses disques ont été
publiés par des labels britanniques tels que All The Madmen (le live The Pilgrim’s Progress, 1986) ou Cathexis (le maxi Smurf in the Gulag, la même année), et l’un de ses titres de gloire est d’avoir figuré sur la compilation From Torture To Conscience
du mythique label N.E.R., aux côtés de Current 93, In The Nursery ou
Death In June (1984). De Killing Joke aux Nits, du Cirque d’Hiver (en
1982) aux Wiener Festwochen (1991), en passant par l’Ecole des
Beaux-Arts de Paris ou le Théâtre Dejazet, les groupes avec lesquels il a
partagé l’affiche et les lieux où il s’est produit disent bien la
richesse de l’univers de ce groupe radicalement inclassable. Fondé à
Creil en 1981 par Thierry Damerval (basse), Christophe (chant) et
Nicolas Demarthe (guitare), Clair Obscur se fait très tôt remarquer avec
une cassette autoproduite (rééditée sur l’album Play), un 45 tours superbement designé (Santa Maria)
et une série de maxis. De la cold wave la plus tribale à la musique de
chambre, de la musique industrielle à la musique de danse (à moins que
les deux ne soient synonymes), sa démarche musicale, éminemment
atmosphérique, embrasse une surprenante variété de styles et fait
l’objet de transcriptions scéniques iconoclastes : en reconstituant sur
scène un habitat domestique ou en organisant un simulacre de jeu
télévisé, Clair Obscur explore des univers qui voisinent avec le théâtre
ou la performance, ce dont témoigne In Out, paru en 1988 chez V.I.S.A. avec l’aide de France Culture. Après la publication des albums Sans titre, 1992, Rock (1994) et Nulle aide…
(enregistré sous le nom de CO2, pour “Clair Obscur 2nd Generation“, en
1999), la fin des années 90 voit le groupe mettre ses activités en
veilleuse. Christophe Demarthe se consacre notamment à son projet
Cocoon, ambitieuse entreprise multimédia hébergée chez Optical
Sound. Depuis mars 2004, Clair Obscur a toutefois été réactivé par
Nicolas et Christophe Demarthe, et ses albums Play et In Out (…) réédités par le label Infrastition." On parle donc d'une institution qui a, depuis longtemps, dépassée les frontières de notre beau pays. Que ça soit sous leur nom ou celui de CO2 la formation compte plus d'une dizaine d'albums et presque autant de singles. Pour plus d'informations, n'hésitez pas à vous rendre sur leur site web. Voici la première face de leur premier single autoproduit sorti en 1983.
Clair Obscur
Piu Piu live !
Voici Piu Piu et "Laga Laga" en live lors de première édition du Grand Prix des Pays-Bas (Théâtre de Lochem, lors du Jour de l'Hemmelvaartsday en 1983).
Chrys Alice
De son vrai nom, Monique Porchet commence à la fin des années 60 sa carrière musicale en jouant dans des formations comme les Chrysler, le Cratère, le Dead Power Light puis un bref passage dans Il Était Une Fois. Elle est actrice, modèle et fait partie de la bande d'Hara Kiri aux côtés de Gébé, Wolinkski et Reiser. Elle fait aussi de la télé et du théâtre. Bref, avec le groupe Sade, elle enregistre un single qui sort (et rencontre un certain succès). Ça sonne un peu punk car c'est le dernier "truc" à la mode. du punk "d'exploitation" à la Plastic Bertrand qui décidément est très à la mode dans les colonnes de Bouloup, ces dernières semaines. La face B du dit single est bien pourrie et fleure bon la variété franchouill'. Bref, Chrys Alice rentre dans la légende... Suffisamment pour apparaître dans un Thésaurus du camarade Claude Picard. Que j'en profite pour saluer. Pour plus d'infos sur Monique/Chrys Alice, c'est ici ! Elle sort un long au début des eighties qui doit valoir son pesant de cacahuètes et finalement devient photographe. La vie d'artiste, ça va un moment...
Marquis de Sade
J'ai beaucoup parlé de Philippe Pascal dans ce blog. J'ai abordé Marc Seberg et le Blue Train Choir (pour lequel nous avons travaillé). Je me devais également d'aborder le groupe "originel" par lequel tout est arrivé... Marquis de Sade. Groupe pionnier qui apparait sur la scène rock en même temps que Joy Division. Le live que j'ai choisi a été enregistré le Mercredi 6 Décembre au Théâtre de l'Empire pour l'émission de télé Chorus. Ce live sera diffusé sans doute le Dimanche suivant, le 9 Janvier, à la télévision, en fin de matinée. J'étais devant la télé ce jour-là et je me souviens, du haut de mes 15 ans, du choc en découvrant ces "jeune gens modernes" habillés avec leurs petits costumes cintrés. Un choc musical aussi, car leur musique ne ressemblait à rien de ce que je connaissais... Bizarrement, on ne trouve pas trace sur YouTube de ce concert (pour moi fondateur). Voir le "Divin Marquis" en live à Rennes, lors du concert de reformation, 37 ans après, fût un des grands plaisirs de mon année 2017. Dommage que, d'une certaine façon, Philippe Pascal n'est pas survécu à cette reformation. Voici ma chanson préférée de Marquis de Sade.
Déments Tragiques
En direct de Narbonne (ou de Montpellier ?), voici Déments Tragiques un trio (la classe !) punk, low-fi, alternatif au son hardcore du meilleur effet ! Dans une petite interview trouvée dans le fanzine New-wave, le groupe cite comme influence : Crass, Cramps, Lydia Lunch, Bob Dylan ou Ligthing Hopkins... Ce qui fait sens à l'écoute de cet unique single autoproduit sorti en 1983. En fouillant un peu, je me suis aperçu que le nom de ce groupe provenait d'un livre d'Arnold Golsworthy sorti en 1915. Par contre, je ne sais pas de quoi parle ce roman ? Cet essai ? Cette pièce de théâtre ? Bref, le trio est "engagé", il suffit d'écouter leurs paroles pour s'en convaincre, un engagement comme on aimait dans les années 80. Le groupe a pas mal tourné (plus d'une cinquantaine de concerts...) et ouvert pour les Lords Of The New Church !
Des Airs
En direct de la Belgique, voici Des Airs un groupe arty comme on les aime et une des premières signatures du prestigieux label Crammed Discs. D'après leur site web : "Le saxophoniste/guitariste Bob Vanderbob (qui a ensuite enregistré deux albums sous le nom de Bobvan, et qui est aujourd'hui un créateur de spectacles multimédias intéressants qui mélangent théâtre et son spatialisé), la chanteuse Catherine Jauniaux (qui a ensuite déménagé à New York, s'est impliquée dans la scène de musique improvisée de Downtown et est aujourd'hui une chanteuse d'improvisation renommée), le chanteur/bassiste Fanchon Nuyens (qui formera plus tard Zap Mama avec Marie Daulne et coproduira leur premier album), le batteur Stéphane Karo (qui se rendra plus tard en Roumanie où il « découvrira » et organisera le désormais célèbre groupe tzigane Taraf de Haïdouks). ... tels étaient les quatre membres du combo bruxellois Des Airs. Ils étaient pleins de charme, le public et la presse les adoraient... mais ils ne sont restés ensemble que quelques années et n'ont enregistré qu'un mini-album (dont un titre figure sur la compilation Crammed Global Soundclash, une chanson d'amour alcoolisée écrite par Peter Cook & Dudley Moore)." Voici la dite chanson d'amour alcoolisée dont la version originale est un must à ne pas rater !
Les Froggies de Johan Asherton
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Strideur
Strideur apparaît à Nice en 1979 autour des deux frères Nègre : Michel à la basse et Pierre à la guitare, passé auparavant par un groupe nommé Dentist. Le projet se met réellement en place en 1980, lorsque deux nouveaux musiciens rejoignent la formation. D’abord Patrick Fargeas, ex-Riviera Boys, qui remplace Patric Pelletier à la batterie. Puis Charles Loupiac, qui apporte avec son clavier — un des tout premiers synthétiseurs monophoniques disponibles localement — une nouvelle dimension harmonique. Les répétitions se déroulent alors dans un espace minuscule, à peine plus grand qu’une roulotte, ce qui donne au groupe une allure de romanichels du rock niçois, bricolant leur son dans des conditions plus que spartiates.
Strideur multiplie ensuite les concerts dans les night-clubs de Nice, notamment au Findlater’s, ainsi que sur les scènes universitaires de la Côte d’Azur. Le groupe finit par monter à Paris pour jouer une semaine complète au Gibus, avec Patrick Coutin à la sono, bien avant qu’il ne devienne célèbre. L’ambiance est électrique et décousue ; un homme prétendant être le chanteur de Killing Joke finit même par s’inviter sur scène un petit matin pour un bœuf improvisé, anecdote parfaite de ces nuits parisiennes où tout pouvait arriver.
Le groupe signe ensuite avec Underdog, le label de Marc Zermati et Dominique Lamblin, et enregistre en août 1980 au Marcadet Studio. Leur unique disque, un maxi 45 tours quatre titres intitulé 13, sort en janvier 1981. Après sa publication, ils quittent leur local minuscule pour une vaste salle désaffectée du Bar des Amis, juste en face des abattoirs de Nice. C’est là, dans une atmosphère brute et sans artifices, qu’ils enregistrent deux titres restés inédits à l’époque : « Pays Sous Hypnose » et « Rolls Royce Noire », une adaptation du « Big Bad Cadillac » de Kim Fowley.
Les concerts se poursuivent : le 11 avril 1981 à la MJC Gorbella de Nice, puis en juin sur la scène du Théâtre Bobino lors d’un festival rock réunissant des groupes français comme les Dogs ou les Flambeurs, mais aussi des artistes internationaux tels que les Cramps et Wilko Johnson. Ils ouvrent également pour Lili Drop, avec deux rappels et les félicitations d’Olive. Le groupe enregistre encore d’autres titres et en envoie un échantillon à Underdog, mais ne reçoit plus de retour. Le silence s’installe, et la séparation — du label comme du groupe — survient à la fin de l’année 1981.
Strideur disparaît ensuite aussi rapidement qu’il avait émergé. Reste leur maxi, quelques archives dispersées et la mémoire de concerts qui témoignent d’une scène locale bouillonnante, inventive et trop souvent invisible. L’essentiel des informations qui permettent aujourd’hui de retracer leur parcours provient du formidable travail de documentation de Cameleon Records. Un immense merci à Claude Picard pour son effort constant à sauver de l’oubli des groupes qui, sans lui, seraient définitivement perdus.
Universatile
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