Voici mon dernier post pour 2025... Je souhaite une très bonne année à tous mes chers lecteurs et on se retrouve en 2026, pour une 10e année de Bouloup !
Un hymne des Bonaparte's
Décidément, plus je réécoute cet album des Bonaparte's plus j'apprécie la qualité de leurs compositions et de leurs arrangements ! Voici "Hymn"...
Sneakers
Voici l'autre face du single de The Cousins sorti en 1981, le très white reggae et new-wave "Sneakers". Une vraie réussite dans le genre !
Le single de Sun Rock
Ici, on pourra télécharger en Mp3 le 2e single des Sun Rock belges sorti en 1981 !
Humide
Nouvel extrait du maxi des Strideur voici le très atmosphérique (et légèrement ska) "Humide" !
The Cousins
The Cousins fait partie de ces groupes dont on ne sait presque rien, mais dont les rares traces discographiques suffisent à alimenter un petit culte. Bien sûr, on ne parle pas ici du fameux groupe belge qui a connu son heure de gloire dans les sixties. Leur single "Sneakers / Puppeteer" est sorti en 1984 sur un label aussi insaisissable que son contenu, In-C’est Records. Le disque aurait été enregistré au Fresh Tracks Studio, ce qui laisse supposer — et uniquement supposer — une origine américaine, quelque part du côté de Philadelphie. Discogs évoque « ska-influence band from Philadelphia », indication reprise sans certitude par les blogs spécialisés. La musique ressemble à une new wave bricolée, légère, un peu ska, avec cette maladresse émouvante propre aux groupes locaux qui gravaient leur unique 7 pouces dans un studio anonyme. Il existe un autre single du groupe sorti un an avant et qui dans ses crédits cite Robert Cousin (d'où le nom du groupe) au chant, à la basse et à la guitare et Mark Amentt à la guitare, aux claviers et au chant. The Cousins incarnent cette part d’ombre de la scène indépendante américaine, celle des groupes éphémères, des one-shots oubliés, des vinyles pressés à 200 exemplaires pour un public local — puis disparus dans les limbes de l’histoire avant de réapparaître, trente ans plus tard, sur Discogs grâce à un collectionneur insomniaque. Si quelqu’un, un jour, retrouve un membre du groupe, une affiche de concert ou même une photo prise dans un sous-sol de Philadelphie, on tiendra enfin un morceau du puzzle. En attendant, Sneakers / Puppeteer reste un parfait exemple de ces disques fantômes que Bouloup aime déterrer : un objet minuscule, obscur, mais incroyablement attachant — et qui mérite au moins une trace écrite quelque part sur Internet.
Strideur
Strideur apparaît à Nice en 1979 autour des deux frères Nègre : Michel à la basse et Pierre à la guitare, passé auparavant par un groupe nommé Dentist. Le projet se met réellement en place en 1980, lorsque deux nouveaux musiciens rejoignent la formation. D’abord Patrick Fargeas, ex-Riviera Boys, qui remplace Patric Pelletier à la batterie. Puis Charles Loupiac, qui apporte avec son clavier — un des tout premiers synthétiseurs monophoniques disponibles localement — une nouvelle dimension harmonique. Les répétitions se déroulent alors dans un espace minuscule, à peine plus grand qu’une roulotte, ce qui donne au groupe une allure de romanichels du rock niçois, bricolant leur son dans des conditions plus que spartiates.
Strideur multiplie ensuite les concerts dans les night-clubs de Nice, notamment au Findlater’s, ainsi que sur les scènes universitaires de la Côte d’Azur. Le groupe finit par monter à Paris pour jouer une semaine complète au Gibus, avec Patrick Coutin à la sono, bien avant qu’il ne devienne célèbre. L’ambiance est électrique et décousue ; un homme prétendant être le chanteur de Killing Joke finit même par s’inviter sur scène un petit matin pour un bœuf improvisé, anecdote parfaite de ces nuits parisiennes où tout pouvait arriver.
Le groupe signe ensuite avec Underdog, le label de Marc Zermati et Dominique Lamblin, et enregistre en août 1980 au Marcadet Studio. Leur unique disque, un maxi 45 tours quatre titres intitulé 13, sort en janvier 1981. Après sa publication, ils quittent leur local minuscule pour une vaste salle désaffectée du Bar des Amis, juste en face des abattoirs de Nice. C’est là, dans une atmosphère brute et sans artifices, qu’ils enregistrent deux titres restés inédits à l’époque : « Pays Sous Hypnose » et « Rolls Royce Noire », une adaptation du « Big Bad Cadillac » de Kim Fowley.
Les concerts se poursuivent : le 11 avril 1981 à la MJC Gorbella de Nice, puis en juin sur la scène du Théâtre Bobino lors d’un festival rock réunissant des groupes français comme les Dogs ou les Flambeurs, mais aussi des artistes internationaux tels que les Cramps et Wilko Johnson. Ils ouvrent également pour Lili Drop, avec deux rappels et les félicitations d’Olive. Le groupe enregistre encore d’autres titres et en envoie un échantillon à Underdog, mais ne reçoit plus de retour. Le silence s’installe, et la séparation — du label comme du groupe — survient à la fin de l’année 1981.
Strideur disparaît ensuite aussi rapidement qu’il avait émergé. Reste leur maxi, quelques archives dispersées et la mémoire de concerts qui témoignent d’une scène locale bouillonnante, inventive et trop souvent invisible. L’essentiel des informations qui permettent aujourd’hui de retracer leur parcours provient du formidable travail de documentation de Cameleon Records. Un immense merci à Claude Picard pour son effort constant à sauver de l’oubli des groupes qui, sans lui, seraient définitivement perdus.
Le single d'Another Dream
Ici, on pourra télécharger en Mp3 l'unique single d'Another Dream "Forever In Darkness" sorti en 1982.
Shake with the Fleshtones
J’ai déjà évoqué The Fleshtones en ces augustes colonnes, mais il était temps d’y revenir, tant ce groupe américain résume à lui seul l’esprit rock que j’aime documenter ici : des années d’activité menées sans reniement, une énergie intacte et cette manière unique de marier la tradition rock’n’roll à une urgence presque punk. Formés en 1976 dans le Queens, Peter Zaremba, Keith Streng et leurs camarades n’ont jamais cessé d’expérimenter, de tourner, d’enregistrer, d’aller de l’avant sans jamais vraiment se poser la question de savoir s’ils allaient entrer dans l’histoire. Et c’est précisément pour cela qu’ils y sont entrés. En plus, le groupe a des liens particuliers avec la France (cfr, par exemple, l'album où ils accompagnent Tony Truand ou leur chanson hommage à Dominique des Dogs).
Leur fameux “Super Rock”, qui mélange garage, surf, R&B, rockabilly et un peu de psyché, n’a jamais vraiment trouvé de clone. On pourrait dire que c’est le son des racines rock américaines passées dans un blender biberonné aux nuits du CBGB, mais même ça reste un raccourci. Leur musique n’a rien de nostalgique : elle avance, elle exige de danser, elle ne triche pas. Leur premier single American Beat, en 1979, donnait déjà le ton, suivi du très marqué Roman Gods en 1982, qui plaçait définitivement le groupe dans la catégorie des formations capables d’allier un héritage rock solide à une vraie modernité. Les décennies suivantes n’ont rien changé à leur manière de travailler, ni à leur capacité à surprendre, des productions marquantes comme Beautiful Light ou le plus abrasif Laboratory of Sound enregistré par Steve Albini, jusqu’aux disques plus récents qui témoignent d’une longévité rare dans leur scène.
Les Fleshtones ont aussi cette singularité d’être restés un groupe de scène. Leur réputation vient de là, de concerts débordants d’énergie, où l’on comprend vraiment ce qu’ils veulent dire par “Super Rock” : ce n’est pas un style, c’est un état d’esprit. Ils n’ont jamais franchement cherché la reconnaissance commerciale, mais ils ont acquis quelque chose de plus durable, ce statut de groupe culte qui traverse les époques sans se démoder. Dans une carrière qui frôle aujourd’hui le demi-siècle, ils n’ont jamais cessé de jouer, de tourner, de défendre leur musique avec une générosité qui forcerait presque le respect à n’importe quel cynique.
Si je m’y intéresse sur Bouloup, et si j’en reparle aujourd’hui, c’est parce que The Fleshtones incarnent parfaitement ce que j’aime documenter : des musiciens qui ne se racontent pas d’histoires, qui avancent sans compromis et qui, sans en avoir l’air, ont influencé beaucoup plus de groupes qu’on ne veut bien l’admettre. Leur carrière pourrait presque servir de fil rouge à une autre histoire du rock américain, celle qui ne passe pas par les charts mais par les caves, les clubs, les labels indépendants et les obstinés du son brut. À mes yeux, c’est là que se trouve la vraie mémoire du rock, et The Fleshtones en sont l’une des plus belles preuves encore vivantes. Nous sommes à New-York City le 30 0ctobre 1980, les Fleshtones reprennent un standard des Shadows Of The Night...
Flo, dernier exrait
Voici "Sur La Piste De L'aventure", extrait du premier maxi de Flo : "P'tit Mec" sorti en 1984 !
Le retour de Raff
J'ai déjà longuement parlé de Raff via leur premier single sorti en 1984. Deux ans après (et après un premier long) le groupe sort "Six Balles... Pour Un Colt !" son 2e long... Le groupe a pris de la bouteille et, sans doute, beaucoup joué... Ça s'entend. Voici un premier extrait !
Balance Ton Slip
Voici l'autre face du flexi des Closh, le très expressif "Balance Ton Slip". Un vrai "statement" quasi politique !
Un peu de punk agricole
Voici un nouvel extrait de l'album des Stillers sorti en 1982, voici "Jeannot Merde" avec poules et tracteur en introduction.
Flo, 2e extrait
2e extrait du maxi "P'tit Mec" de Flo sorti en 1984, voici "Sang Mélé" et sa guitare (comme je les aime). Bon, par contre, la basse... Hum.
Les Closh, le premier flexi
À la demande générale et plus particulièrement du fait d'un gentil lecteur qui m'a contacté, voici le premier single/flexi des Closh, initialement inclus dans l'album "Paris Skouille-t-il ?" sorti chez les Humanoïdes en 1981. Le son et les compos sont un peu "bruts" de décoff' mais gardent une petite touche varietoch' du meilleur effet. Pour ceux qui n'ont pas suivi, j'ai déjà parlé ici-même des Closh !
Le retour de Flo
Dans la grande galaxie des groupes français des années 80 qui n’ont laissé que quelques sillons pour prouver leur existence, Flo fait partie de ces formations intrigantes, actives mais aujourd’hui presque invisibles. On sait peu de choses sur eux, si ce n’est qu’entre 1984 et 1988, ils ont tout de même réussi à publier trois 45 tours et deux maxi, ce qui n’est pas rien pour un groupe totalement absent des radars actuels.
J’avais déjà partagé ici leur single « De l’Autre Côté » — un 45 tours de 1984 qui donnait déjà une bonne idée du style du groupe : un rock français aux contours new wave, tendu mais mélodique, qui sonne très “milieu des 80’s” sans tomber dans les clichés de l’époque.
Le disque que je propose aujourd’hui est leur tout premier maxi, P’tit Mec, également sorti en 1984. Édité sur Spalax, il contient quatre titres oscillant entre rock alternatif, post-punk adouci et chanson nerveuse. Un disque typiquement “indé français”, comme on en croisait beaucoup à l’époque : autoproduit ou presque, distribution incertaine, ambitions modestes mais vraie sincérité dans les compositions.
Comme souvent avec ces groupes oubliés, Flo n’a laissé aucune trace biographique : pas de photos, pas de ligne-up, pas de dates de concerts, rien dans la presse de l’époque. Juste ces quelques disques épars, qui racontent à eux seuls tout ce qu’il reste du groupe. Un projet discret, mais suffisamment convaincant pour mériter d’être sauvé de l’oubli.
La démo de l'enfer
Grâce au camarade Yannick, j'ai pu récupérer une jolie collection de photos. Aujourd'hui, une sélection pris lors de l'enregistrement de la 2e démo des Monkey Business chez Amadeus à Bagnolet dans les années 90. L'ambiance est lourde (ça se voit), nous sommes en fin de course... Pour autant nous essayons de trouver un second souffle grâce à ces 3 nouvelles chansons. Pour ma part, on me somme de "muscler" mon jeu. Pour l'occasion et pour être plus "rock", j'ai sorti ma Gibson. Pour autant, je ne fais que "tricoter" car je n'ai rien à jouer, pas un début de riff malgré nos longues heures de répétitions. Au mixage, je suis derrière... Loin, très loin et franchement ça n'est pas plus mal. En fait, je n'aime pas ce que l'on joue. Et ça se voit aussi...
Paris
Voici l'autre face de l'unique single des Fist portugais. Le très bon "Paris" et son riff de guitare paresseux...
Human Life
Voici la face B du single d'Another Dream sorti en 1982 ! Une seconde très bonne chanson...
The Jam
Je ne sais plus trop quel âge j’avais quand le fils de mes voisins — un grand gars un peu mystérieux avec un blouson trop large et une passion pour les groupes anglais — m’a prêté All Mod Cons. J’étais gamin, encore loin d’avoir les oreilles pour comprendre ce disque. Je me souviens surtout d’un sentiment diffus : c’était trop propre pour être punk, trop nerveux pour être pop, trop anglais pour moi. J’ai dû le rendre en disant un truc du genre « merci, mais j’ai pas trop accroché ». Lui n’a pas insisté. Les années ont passé : il est devenu douanier, ce qui à bien y réfléchir n’est pas si éloigné de l’univers hyper cadré des Mods. De mon côté, j’ai finalement réécouté The Jam, et j’ai compris ce que je n’avais pas perçu à l’époque.
The Jam, ce n’est pas vraiment un groupe punk, même si la chronologie les y a collés. C’est un groupe qui arrive au bon moment, en 1977, mais qui regarde en réalité dans le rétroviseur : des mélodies héritées des Kinks, des coups de sang façon Who, un dandysme de banlieue anglaise qui tranche avec le nihilisme ambiant. Paul Weller semble déjà avoir tout en tête, écrivant des chansons qui parlent du quotidien, des injustices sociales, des transports londoniens, des rêves minuscules d’une génération coincée entre les restes de l’Empire et la grisaille économique. Les Jam avaient cette élégance sèche, ce nerveux chiffré, ces guitares qui serrent la mâchoire, cette manière de chanter comme si chaque mot pouvait changer quelque chose.
Revenir à All Mod Cons aujourd’hui, c’est comprendre que ce disque marque un basculement : après deux premiers albums un peu trop pressés, celui-ci pose enfin le style du groupe. On y sent le soin, le songwriting plus fin, les textes qui racontent des vies modestes avec une précision presque documentaire. C’est sans doute ce qui m’avait échappé ado. Il faut parfois vieillir un peu pour comprendre que la retenue peut être plus violente que l’excès.
Et puis il y a leur énergie live, beaucoup plus brute que ce qu’enregistre leur discographie. Une bonne porte d’entrée reste leur reprise de Curtis Mayfield, Move On Up. Sur scène, ils en font une version tendue, presque fébrile, comme si l’élan soul de Mayfield se transformait en course contre la montre. Le morceau garde sa dimension positive, son côté « avance, continue, dépasse-toi », mais The Jam l’étirent, l’électrifient et le transforment en machine à lever les foules. On y entend ce qu’ils ont toujours été : une collision entre élégance, urgence et tradition.
Je n’ai jamais recroisé le fils de mes voisins. Je me demande ce qu’il penserait aujourd’hui de me voir écrire sur ce disque qu’il m’avait prêté trop tôt. Peut-être hausserait-il les épaules, en douanier pragmatique. Peut-être dirait-il que The Jam, c’est comme beaucoup de bonnes choses : ça demande juste un peu de maturité. Je lui donnerais raison.
Fist
Parfois, en fouillant dans les discographies oubliées, on tombe sur des disques qui semblent n’avoir laissé aucune trace – ou presque. C’est exactement le cas de Fist, un groupe portugais dont on ne sait quasiment rien, si ce n’est qu’il a publié un unique 45 tours en 1982, intitulé Movies / Paris.
Ce single, référencé comme une sortie locale, contient deux morceaux oscillant entre rock, post-punk et une touche pop un peu bancale. Une sorte de “curiosité parfaite” : assez aboutie pour intriguer, assez maladroite pour sentir le local, le bricolé, le sincère. On imagine bien un petit studio de Lisbonne, quelques amis de passage, et un pressage minime qui a vite disparu dans les limbes.
Malgré une plongée dans les archives et la presse musicale de l’époque, impossible de retrouver une interview, un concert, un fanzine, un nom de musicien, ou même un lieu d’enregistrement. Rien. Et encore une fois, comme c’est souvent le cas avec ces productions hyper-locales, on n’a trouvé aucune information solide sur le groupe. Rien dans les fanzines numérisés, rien dans les chroniques, rien dans les bases portugaises hors Discogs. C’est comme si Fist avait existé juste le temps d’enregistrer ces deux titres… Puis plus rien.
C’est peut-être ce qui rend ce 45 tours encore plus attachant : c’est un objet orphelin, sorti d’un groupe qui semble n’avoir existé qu’un instant, le temps de graver deux titres sur vinyle et de disparaître. Parmi les centaines de projets éphémères de cette période, Fist représente à merveille ces petites météorites musicales, celles qui n’ont jamais vraiment percé mais qui méritent d’être sauvées de l’oubli.
En attendant d’en savoir plus – un nom, un visage, un flyer, un fanzine, n’importe quoi – Fist reste un joli mystère. Et Movies un morceau qui tourne encore sur les platines de quelques passionnés prêts à tendre l’oreille vers les fantômes.
Si quelqu’un possède des infos, des souvenirs ou même une pochette annotée, je suis évidemment preneur. Les fantômes ne demandent qu’à parler… Ou au moins à laisser une trace.
Meet Antimit
En août 1980, je pars en voyage linguistique à Los Angeles. J’ai 16 ans et je me retrouve catapulté en plein Venice, chez une jeune femme, Ellen, qui a deux enfants à peine plus jeunes que moi. Elle est comptable et bosse pour Frank Zappa et Nina Hagen. Niveau musique, elle est plus que branchée — et je plonge avec bonheur dans sa collection de vinyles (mélange de nouveautés du moment et d’oldies bien senties). Avec elle, j’assiste à mes premiers concerts de rock, tout seul comme un grand (sans papa ni maman). Je découvre le punk avec X et la new wave avec Devo. On peut dire qu’elle m’a éduqué : beaucoup de mes goûts actuels viennent directement de ce séjour qui, soyons honnête, a changé ma vie. C’est aussi grâce à elle que je parle anglais. Je luis dois donc beaucoup...
L’année suivante, après le bac, je retourne à Los Angeles pour les vacances. Ellen a déménagé mais Leroy, un de ses amis, m’accueille à son tour. Je ne l’ai malheureusement jamais revue — elle nous a quitté depuis. Pour le numéro spécial vacances d’Antimit (N°17 - Juillet Août 1981), j’écris alors ce long article. Le style est un poil ampoulé et très emprunté (on était fans de Rock & Folk, du Cheap Thriller, des dessins de Serge Clerc, etc.) mais il est habité par ces premières secousses musicales. Pour ma part, je trouve ça très émouvant. Voici donc ce fragment vintage de mes aventures éditoriales adolescentes. Ça s’appelle « 5 nuits californiennes ». Bonne lecture… et indulgence recommandée.
L'autre face de Sun Rock
Voici l'autre face du single des Sun Rock sorti en 1981 et qui illustre une certaine constance dans leur choix de titre de chanson.
Another Dream
Another Dream fait partie de ces groupes britanniques dont il ne reste presque rien, sinon un unique 7 pouces et quelques traces disséminées dans la mémoire des collectionneurs. Sorti en 1982 sur The Sticky Label, un micro-label lui aussi largement oublié, leur single Forever In Darkness est un parfait témoin de cette période où la new-wave et le post-punk continuaient de se diffuser dans tout le Royaume-Uni, souvent loin des circuits établis. Le disque, référencé Peel-Off 2, contient deux morceaux, la face A éponyme et “Human Life” en face B. L’objet lui-même, aujourd’hui assez rare, circule encore de main en main, accompagné parfois d’une petite feuille intérieure qui confirme le line-up : Neal Cook au chant, Dave Atherton à la guitare, Pete Morton à la basse et Gary Morton à la batterie.
Ce qui frappe, lorsqu’on écoute Forever In Darkness, c’est cette façon très locale mais très typée de s’inscrire dans le son de 1982 : une mélodie sombre, une basse ronde mais en avant, une guitare un peu nerveuse, et cette production dépouillée qui évoque aussitôt les studios modestes, les sessions rapides, les moyens limités mais l’envie intacte. F.S.R. Studios, où le groupe a enregistré et mixé, n’est pas resté dans les annales, mais il suffit d’une écoute pour comprendre le contexte : un moment où la scène indépendante britannique produisait chaque semaine des disques faits avec trois bouts de ficelle et beaucoup de conviction.
Les rares mentions du groupe situent Another Dream du côté de Wolverhampton, et certaines sources amateurs suggèrent que Neal Cook et Dave Atherton auraient ensuite rejoint The Wild Flowers, autre formation post-punk de la région. Impossible pour l’instant d’en être certain faute d’interviews ou d’archives plus solides, mais les trajectoires musicales de l’époque étaient suffisamment mouvantes pour que l’hypothèse tienne debout. En tout cas, aucune interview connue, aucune apparition répertoriée dans la presse nationale, aucun passage radio. Comme beaucoup d’autres, Another Dream semble avoir existé brièvement, juste assez pour presser un single, jouer quelques concerts probablement perdus dans la nuit des pubs locaux, puis disparaître.
C’est précisément ce qui rend ce disque si fascinant. Non pas qu’il annonce une révolution, mais parce qu’il capture un fragment entier d’époque : les ambitions modestes, l’énergie brute, l’économie totale de moyens et la sincérité volontaire ou involontaire d’un groupe qui ne soupçonnait probablement pas qu’un jour, plusieurs décennies plus tard, quelques passionnés se mettraient à sa recherche. Forever In Darkness n’est pas un classique oublié, mais c’est un vrai morceau d’histoire parallèle, et c’est exactement pour cela qu’il a sa place ici. Comme tant d’autres témoins minuscules mais précieux de la scène indépendante des années quatre-vingt, il rappelle qu’une grande partie de l’aventure musicale de cette décennie s’est écrite en marge, loin des magazines, via des 45 tours tirés en petite quantité et qui, parfois, surgissent encore aujourd’hui comme des fantômes bienvenus. En tous cas, cela faisait un moment que je n'avais rien publié dans cette veine new-wave british que l'on aime tant (pas très loin des Chaméléons) !
Out Of Limits
Dernière sélection provenant du single 4 titres des Beatles Costello voici une cover du classique surf des magnifiques Marketts constitué de requins de studio (dont le drummer Hal Blaine).
Theme From A Summer Place
Pour tous les amateurs d'easy-listening ce "Theme From A Summer Place" est un passage obligé et un énorme tube pour Percy Faith. Bien sûr, il existe des centaines de cover de ce tube inoxydable dont cette jolie version des Beatles Costello.
Sunrock ou Sun Rock ?
En 1981, un groupe belge du nom de Sun Rock publie un 45 tours intitulé Backstage Lady sur le label Mark Records. Une production typique de cette scène rock un peu marginale de l’époque : tirage limité, diffusion confidentielle, mais un certain soin dans la composition et la mise en son. La face B, Motion Picture Queen, renforce l’idée d’un groupe à la croisée du rock FM et de la pop européenne, avec un accent anglophone très appliqué et une énergie qui évoque davantage les clubs bruxellois que les stades américains.
En fouillant un peu, on découvre que Sun Rock n’en était pas à son coup d’essai. Cinq ans plus tôt, en 1976, un single signé Sunrock (en un seul mot cette fois) paraît sur le label Oregon Records : Afternoon Breakdown couplé à Rodeo Round-Up. Même si rien ne prouve formellement qu’il s’agisse du même groupe, les indices concordent : origine belge, orientation rock, goût pour les titres en anglais et production locale. Le disque de 1976, aujourd’hui pratiquement introuvable, est référencé dans quelques bases de collectionneurs, et une poignée d’exemplaires circulent encore parmi les amateurs de raretés pressées en Belgique à cette période.
Aucune trace d’interviews, de concerts, ni même de coupures de presse n’a refait surface pour l’instant. Les archives belges de la RTBF ou de la Sonuma n’en conservent pas de mention connue, et les fanzines des années soixante-dix – Graf Zine, Etcetera ou Rock-News – ne semblent pas l’avoir chroniqué. Reste donc ce qu’on peut entendre : deux 45 tours, espacés de cinq années, qui témoignent de la vitalité d’une scène rock belge souvent oubliée, où l’on croisait des musiciens anglophiles, bricoleurs et ambitieux, enregistrant leurs morceaux dans de petits studios de Bruxelles ou de Liège avant de disparaître sans laisser d’adresse.
Sun Rock, ou Sunrock – peu importe au fond la graphie – appartient à cette catégorie d’ombres sonores qui peuplent la discographie belge des seventies et early eighties. Des groupes qui n’ont jamais connu la postérité mais dont les disques, ressortis des bacs ou exhumés sur Discogs, racontent à leur manière l’histoire souterraine du rock en Belgique.
Vénézuela Cha-Cha
Voici l'autre face du single de Strani Cocktail sorti en 1982. Un "Vénézuela Cha-cha" à la ligne mélodique plutôt étrange.
I Feel Fine
Voici une version instrumentale de "I Feel Fine" des Beatles par les Beatles Costello... Une bonne façon de justifier un tel patronyme ! Le résultat est plutôt sympa...
Avant Strani Cocktail, Nausea...
Pour donner un peu de contexte, voici la formation pré-Strani Cocktail : Nausea. On y trouve presque la même équipe et une communauté d'influences et de références musicales... Le son est un peu plus roots mais ne manque pas d'intérêt !
Strani Cocktail
Strani Cocktail est un projet musical avant-gardiste belge basé à Bruxelles, actif au début des années 1980. Le groupe est parfois associé à l’alias Nausea et reste aujourd’hui relativement méconnu, avec très peu de documentation disponible. Parmi les membres cités, on retrouve Giorgio Serafini, parfois mentionné sous le nom de Giorgio Benton et Paolo Snaporaz, qui ont contribué à définir l’identité sonore unique du projet. Leur musique s’inscrit dans une veine synth-pop et cold-wave, explorant des sonorités expérimentales qui reflétaient l’esprit avant-gardiste de la scène bruxelloise de l’époque.
La discographie connue de Strani Cocktail est très limitée (2 45tours et 1 maxi en 1982 et 1983). L’alias Nausea est également parfois mentionné dans les crédits, ce qui suggère que Strani Cocktail n’était pas un projet figé mais plutôt un espace de collaboration autour de sons expérimentaux et de compositions électroniques. Bien que le groupe soit difficile à retracer dans les archives, chaque sortie reflète une volonté d’explorer des territoires musicaux hors des sentiers battus, caractéristique des projets avant-gardistes de cette période.
Strani Cocktail reste ainsi un exemple fascinant de la créativité et de l’expérimentation qui animaient la scène musicale belge au début des années 1980, un projet énigmatique mais passionnant pour quiconque s’intéresse aux traces oubliées de l’avant-garde musicale européenne. Voici la première face de leur premier single...
The Beatles Costello
En 1978, un 33 tours 17 cm au titre improbable, Washing The Defectives, sort sur le petit label Pious Records (référence JP 310). Sur la pochette figure le nom d’un groupe tout aussi étrange : The Beatles Costello. Tout laisse penser à une plaisanterie de musiciens en roue libre, et c’est sans doute bien ce que c’était. Le nom, contraction ironique entre les Beatles et Elvis Costello (qui est alors à la pointe de la branchitude), annonce la couleur : un projet parodique, un jeu de studio plus qu’un vrai groupe.
L’EP aligne quatre titres — Soldier of Love, I Feel Fine, Theme From a Summer Place et Out of Limits — tous des reprises exécutées avec un sérieux approximatif et un plaisir manifeste. C’est d’ailleurs cette reprise du classique surf Out of Limits qui m’a attiré vers ce disque, curieux de voir comment un tel morceau, symbole d’une époque et d’un son si précis, pouvait être réinterprété par un groupe au nom aussi facétieux. Le résultat, à la fois maladroit et sincère, trahit un véritable amour pour la musique instrumentale des sixties, même sous le vernis de la parodie.
Selon les quelques blogs et bases de données qui en gardent la trace, le disque est un ovni, à la frontière de la blague musicale et du pastiche pop. Le blog Shotgun Solution note même : « I’m guessing this record wasn’t meant to be taken very seriously. »
Derrière cette plaisanterie se cachent pourtant quatre musiciens plutôt chevronnés : Andy Paley, Chuck Chaplin, Eric Rosenfeld et Jim Freeman. Andy Paley, surtout, n’était pas n’importe qui. Avec son frère Jonathan, il avait fondé The Paley Brothers, formation de power pop élégante signée chez Sire Records, avant de devenir producteur et compositeur reconnu. On lui doit des collaborations avec Brian Wilson, Jerry Lee Lewis ou encore NRBQ, ainsi que de nombreuses musiques pour le cinéma et la télévision, de Dick Tracy à SpongeBob SquarePants. Son goût pour la mélodie, l’humour et les projets atypiques trouve ici une sorte de laboratoire miniature.
Eric Rosenfeld, parfois crédité sous le surnom ironique de « Slowhand », est mentionné comme guitariste principal. Il aurait joué dans The Sidewinders, groupe de Boston dans lequel passa un temps Billy Squier. Jim Freeman, à la batterie, semble avoir été un musicien de studio, tandis que Chuck Chaplin, au piano, complète l’ensemble avec une touche plus lounge. Peu d’informations subsistent sur eux, mais leur présence dans un tel enregistrement donne une idée de l’atmosphère : des amis, probablement rassemblés autour d’Andy Paley, enregistrant un disque pour rire, avec une vraie compétence musicale mais sans autre ambition que celle de s’amuser.
Washing The Defectives ("Laver les défectueux") n’a pas eu de suite, ni même de véritable distribution : un tirage modeste, quelques exemplaires qui circulent encore entre collectionneurs, et des mentions perdues sur des sites de disques rares. Pourtant, cet objet mérite qu’on s’y arrête. Il capture un moment très précis de la fin des années 70 — celui où la pop intelligente, la new wave naissante et le second degré cohabitaient joyeusement.
Quarante ans plus tard, ce petit vinyle reste une curiosité attachante : un canular de musiciens brillants, une blague pleine d’amour pour la pop, et une preuve que même les projets les plus légers peuvent laisser une trace durable dans les marges de l’histoire musicale.
P'tit Cœur Noir
Voici la face B du single de Moko sorti en 1981. Une face B que je trouve, personnellement, bien meilleure que la face A.
Motion Picture Queen
Voici l'autre face du 2e single des Sun Rock soit "Motion Picture Queen" une chanson "new-wave" qui lorgne également vers de la pop à la Moon Martin.
Moko dans New-Wave n°23 (Décembre 1983)
Cet article "spécial Nice" commence par parler des Jumpin' Cadors, des habitués de ces colonnes, puis détaille un prestation des Mokos !
Moko
Au tout début des années 80, un petit groupe de rock venu de Nice a discrètement laissé son empreinte sur la scène française avec un unique 45 tours intitulé Rock Star. Nous sommes en 1981, et le disque paraît sur le label AAAA Records, un nom qui respire déjà la débrouille et la micro-production. Moko, c’est le nom du groupe, et comme beaucoup d’autres formations régionales de cette époque, il ne laissera que peu de traces derrière lui — un seul single, une pochette dessinée en noir et blanc par Gilles Lautussier, et une poignée de souvenirs que le temps a presque effacés.
Le morceau Rock Star est typique du rock français de transition, entre l’énergie punk des années 70 et la vague new wave à venir. Il y a dans ce titre quelque chose de brut et d’instinctif, une urgence propre aux groupes qui enregistrent avec peu de moyens mais beaucoup de foi. Rien d’aseptisé, tout est dans le nerf, dans la voix un peu tendue et les guitares à vif. Ce genre de disque qu’on imagine enregistré en deux prises, dans un petit studio du Sud, sans autre ambition que de capter un moment.
Mais Moko n’était pas qu’un groupe de bar ou de garage local. D’après les recherches menées par le label Caméléon Records pour la compilation Thesaurus Vol.3 (consacrée au rock et punk en France 1979-1981), les Niçois ont eu leur heure de visibilité : un passage par le Gibus à Paris, et même une apparition au Festival Jazz à Créteil en 1981, aux côtés de Barney Wilen, retransmise sur France Inter. Une trajectoire étonnante, presque incongrue pour un groupe aussi confidentiel, qui prouve que la frontière entre la scène rock indépendante et les circuits plus établis était parfois poreuse à cette époque.
Leur unique 45 tours, Rock Star, a refait surface grâce à la série Thesaurus de Caméléon Records et au travail d’exhumation mené par 45vinylvidivici.net. Sans cette réédition, Moko serait sans doute resté un nom pour collectionneur, perdu dans une discographie aussi foisonnante qu’invisible. Aujourd’hui, le morceau est de nouveau écoutable, et c’est une petite fenêtre ouverte sur ce que pouvait être la scène niçoise en 1981 : des musiciens passionnés, une approche directe, un rock franc et sans apprêt.
De Moko, on ne sait pas grand-chose de plus. Pas d’autres disques, pas de carrière à suivre, pas de membres identifiés. Juste ce single et une énergie qui, quatre décennies plus tard, continue de transpirer du sillon. Dans ce genre de rareté, il y a toujours un charme particulier : celui d’un instantané de jeunesse, d’une envie de jouer plus forte que le reste, et d’un groupe qui, sans le savoir, a participé à écrire un minuscule fragment de l’histoire du rock français.
Et une fois de plus, nous croisons la trajectoire de Caméléon Records du camarade Claude Picard — et ce n’est sans doute pas un hasard.
La face B de Madame Bovary
Voici "I'm Runner" la face B du premier single des Madame Bovary toulousains.
Bouloupstock (suite et fin)
J'ai déjà parlé par 2 fois de cette fête de la musique organisée dans un champ sur les bords de Marne (en 1991)... Voici les derniers clichés confiés par le camarade Led' (thanks bro). D'ailleurs sur la permière photo on aperçoit le camarade Led' et à ses côtés, votre serviteur et Franck (Cérémonies, Chinaski's, Demolition Party)...
Madame Bovary
Au milieu des années 80, dans une France encore marquée par la cold wave et les premiers pas de l’électro indépendante, un groupe toulousain du nom de Madame Bovary se fait remarquer avec un 45 tours intitulé Be My Friend. Sorti en 1986, ce single ouvre la voie à une aventure musicale à la fois exigeante et singulière, où les machines prennent une place centrale sans jamais étouffer l’émotion. Après quelques années de concerts et d’expérimentations, Madame Bovary publie en 1991 le mini-album Leave the Kids Alive, suivi de Mind the Step en 1992, un disque plus abouti, qui marque leur maturité artistique.
Basé à Toulouse, le groupe s’inscrit dans le collectif Creative Action for Satisfaction (C.A.F.S.), un réseau d’artistes et de musiciens investis dans la promotion des musiques électroniques et alternatives. Autour de ce noyau gravite une scène dynamique qui comprend, entre autres, Poésie Noire, Cassandra Complex, Dritte Krieg ou Insekt. Ce collectif ne se contente pas de produire des disques : il organise aussi des concerts, des festivals et publie via son propre label, Creative Action Records, distribué à l’époque par Le Silence de la Rue. Le festival L.I.G.H.T., organisé par le C.A.F.S., devient rapidement un point de ralliement pour les amateurs d’électro, de new wave et d’expérimentations sonores venues du sud de la France.
Dans les entretiens accordés à l’époque, Madame Bovary revendique une musique fondée sur la tension entre douceur et dureté — un « concept doux-dur » — où la technologie devient un instrument de sensibilité. L’énergie du trio, sur scène comme en studio, repose sur une complémentarité solide : batterie, machines et synthétiseurs se mêlent pour créer une matière sonore dense, rythmée, toujours en mouvement. Leur électro rythmique, précise et nerveuse, n’oublie jamais la mélodie. L’émotion et la puissance sont au cœur de leur démarche, tout comme l’importance de la scène, considérée comme un espace de libération où les morceaux prennent leur vraie dimension.
Le groupe attache une attention particulière au travail en studio. En 1992, ils enregistrent Mind the Step à La Cour des Miracles à Toulouse, studio reconnu pour la qualité de ses productions alternatives. Ils y développent un son direct, fidèle à leurs performances, sans chercher à lisser les aspérités. Chaque morceau est pensé comme un prolongement de leurs recherches musicales et de leur rapport viscéral au rythme. Madame Bovary se distingue ainsi par une approche artisanale mais rigoureuse, à mille lieues des productions formatées de la pop électronique du moment.
Alors que la scène « underground » française peine à s’imposer, Madame Bovary et le C.A.F.S. défendent l’idée qu’une musique électronique française peut exister hors des sentiers battus, à la fois exigeante, dansante et profondément humaine. Leur discours est celui d’une époque où la technologie musicale s’affirme comme une nouvelle forme d’expression, dans la continuité du rock et de la cold wave. Les guitares cèdent la place aux synthés et aux samplers ; la pulsation devient moteur, le son devient matière.
En 1992, Madame Bovary prépare une tournée européenne, passant par l’Espagne, le Portugal, la Belgique et la France. Ils participent aussi au festival L.I.G.H.T. de Barcelone et partagent l’affiche avec d’autres formations issues de la même galaxie toulousaine. Leur ambition reste simple : faire danser, émouvoir, et montrer que la musique électronique peut être à la fois physique et sensible. Le groupe et son environnement collectif incarnent l’un des derniers grands élans de la scène new wave française avant que les années 90 ne basculent vers la techno et la musique club.
Madame Bovary, c’est finalement l’histoire d’un trio qui a su marier rigueur rythmique et intensité émotionnelle, tout en contribuant à poser les bases d’une véritable scène électro indépendante en France. Une histoire discrète, mais essentielle, qui rappelle combien la périphérie — ici Toulouse — a souvent été un foyer d’expérimentation et d’invention musicale.
Spasmes et Disco Le Soir
Voici 2 extraits de l'E.P. des Stillers. Le premier ("Spasmes") ne durant que 23 secondes, je me suis dit que ça allait être un peu court pour une publication. On reste sur du punk agricole comme on l'aime, énergique et rapide !
Je suis fier de mon grand-père
Voici l'autre face du single des Spurts sorti en 1982 sur le Kiosque d'Orphée... Un bon moment de rigolade punk à la française comme on aimait à l'époque !
R.E.M.
Avant d’être les stars planétaires que l’on connaît — les arènes pleines, les clips en boucle sur MTV, les hymnes comme Losing My Religion —, R.E.M. a été un petit groupe du Sud profond. Un groupe de copains d’Athens, en Géorgie, qui bricolait une pop étrange et lumineuse dans un monde encore post-punk.
Tout commence en 1980, quand Michael Stipe, Peter Buck, Mike Mills et Bill Berry se rencontrent à l’université. Athens n’est pas encore la scène indie qu’on imaginera plus tard, mais il s’y passe déjà quelque chose : The B-52’s ont ouvert la voie, et dans les bars du coin, des kids font du bruit avec des guitares, loin du clinquant de Los Angeles ou du nihilisme new-yorkais.
Le premier single, Radio Free Europe, sort en 1981 sur Hib-Tone. Petite maison locale, tirage confidentiel, mais cette chanson a tout. La guitare cristalline de Buck, entre jangle et urgence, la basse mélodique de Mills, et la voix de Stipe, mystérieuse, presque incompréhensible. On ne comprend pas les paroles, mais on sent qu’il se passe quelque chose. C’est ça, la magie de R.E.M. à ses débuts : de l’énergie, de la mélodie, et un voile de brouillard par-dessus. Le morceau attire assez d’attention pour que le groupe signe chez I.R.S. Records, label connu pour ses choix audacieux (The Go-Go’s, Wall of Voodoo, The Cramps).
En 1982, sort Chronic Town, cinq titres d’une beauté un peu tordue. Ce n’est pas un disque “important” à l’époque, mais avec le recul, c’est une petite révolution. Les guitares sonnent comme si elles venaient d’un autre pays, la batterie rebondit, et Stipe chante comme s’il parlait un dialecte secret. Des morceaux comme Gardening at Night ou 1,000,000 montrent déjà ce que R.E.M. fera de mieux : mélanger le folk-rock des Byrds, l’ombre du punk et une mélancolie très personnelle. C’est un disque qui respire la campagne américaine, la verdure, les routes vides et les couchers de soleil, mais avec une tension sous-jacente.
L’année suivante, Murmur installe R.E.M. comme le fer de lance d’une nouvelle scène américaine. Là encore, rien n’est frontal : pas de gros son, pas d’effets de manche. Juste cette écriture tordue, ces mélodies qu’on reconnaît sans les comprendre, et cette atmosphère quasi-mystique. Les critiques adorent, la presse parle d’un souffle nouveau, mais le grand public passe à côté. Tant mieux : Murmur reste un disque à part, une œuvre d’initiés. On y retrouve l’Amérique profonde, les trains de nuit, les terrains vagues, les mots qu’on devine plus qu’on ne les entend.
Ce R.E.M.-là n’a pas encore les moyens des grandes productions ni les refrains faits pour les stades. C’est un groupe qui avance par instinct, porté par des chansons qui semblent venir d’un autre temps. Ce qu’ils ont créé entre 1981 et 1984 reste un miracle d’équilibre entre naïveté et maîtrise. Plus tard, tout changera — Document, Green, Out of Time, Automatic for the People —, mais ceux qui ont usé leur exemplaire de Chronic Town savent : le vrai frisson R.E.M., celui du brouillard, du jangle et du mystère, c’était là, au tout début quand on assurait (entre initiés) qu'en fait ce groupe s'appelait "Rapid Eyes Movement"...
Le retour des héros
3e extrait de "Tower Of Love" des Girls From Tahiti, voici "Return Of The Heroes" et son magnifique son de basse/batterie...
Les Spurts
Les Spurts font partie de ces groupes punks français qu’on découvre toujours avec un petit frisson, celui de tomber sur une bande de mômes pleins de morgue, qui ont su tout dire en quelques morceaux. Venus de Caen, ils ont sévi entre 1980 et 1984, dans une Normandie alors fertile en décibels et en groupes énervés. Leur nom, piqué à Richard Hell & the Voidoids (“Love Comes in Spurts”), annonce la couleur : un punk direct, sale, drôle, sans calcul.
Leur formation a un peu bougé au fil du temps : Stiff au chant, Jean-Christophe puis Vodka à la guitare, Mongolito à la basse, Boboss puis Kebra à la batterie. Le service militaire aura raison du groupe au milieu des années 80, comme souvent à l’époque. Mais avant ça, les Spurts auront enregistré, en novembre 1982, cinq morceaux au studio Melody Music de Caen : « Petit papa fasciste », « Je suis fier de mon grand-père », « Bébé Nazi », « Je suis amoureux d’une pute » et « Quatre conseils pour un suicide réussi ». Tout un programme. Le 45 t « Petit papa fasciste / Je suis fier de mon grand-père » sort la même année, dans un total anonymat, avant d’être réédité en 2010. Ces cinq titres referont surface en 2022, sur un EP qui remet enfin le groupe dans son contexte : celui d’une jeunesse punk de province, sans plan de carrière, mais avec une vraie urgence à gueuler quelque chose.
Leur son est brut, un peu maladroit, mais terriblement vivant. Pas de second degré, pas de pose arty : juste un groupe qui balance ses tripes avec trois accords et beaucoup de mauvaise foi. Les paroles, volontairement provocantes, jouent avec les symboles interdits, comme pour tester les limites d’un pays encore frileux avec la subversion. Il paraît qu’Alain Maneval avait passé un de leurs titres sur Europe 1 — petit miracle de contamination radiophonique à une époque où le punk hexagonal se jouait surtout dans les MJC.
En 1984, les Spurts se séparent, et Jean-Christophe part fonder Fuckland, autre aventure du coin. Les Spurts n’auront donc laissé qu’une poignée de titres, quelques photos et beaucoup d’énergie mal canalisée. C’est peu, mais suffisant pour mériter leur place dans la grande histoire bancale du punk français. Un groupe sans ambition, sans compromis, et sans postérité immédiate — mais dont chaque écoute rappelle pourquoi on s’attache à ces disques bricolés : parce qu’ils sentent le vinyle mal pressé et l’envie furieuse d’exister, ne serait-ce que deux minutes trente.
Cet épisode pourrait sembler clos, mais c’est là qu’intervient l’ami Claude Picard. Avec son label Caméléon Records, il s’est donné pour mission de réévaluer ces groupes oubliés, ceux qui ne bénéficiaient pas des projecteurs parisiens, et dont les traces empoussiérées attendaient d’être exhumées. Claude ne fait pas ça pour le buzz : il fait ça parce qu’il croit que toute la France musicale mérite son histoire. Il creuse les vieux tiroirs, impose des tirages vinyles soignés, retravaille les pochettes, remet en lumière des titres qui dormaient depuis trop longtemps. Le travail de mémoire qu’il accomplit donne aux Spurts, et à d’autres groupe du même acabit, une seconde chance d’être entendus par ceux qui cherchent encore ces ruines vivantes de la scène alternative.
Les rues de la Méchanceté
Voici un 2e extrait du 4 titres de Girls From Tahiti voici le très bon "Streets Of Spite" !
Central
Nouvel extrait du magnifique album de Dazibao "Les Musiques De La Honte" voici le très incantatoire "Central" !
































