En 1981, un groupe belge du nom de Sun Rock publie un 45 tours intitulé Backstage Lady sur le label Mark Records. Une production typique de cette scène rock un peu marginale de l’époque : tirage limité, diffusion confidentielle, mais un certain soin dans la composition et la mise en son. La face B, Motion Picture Queen, renforce l’idée d’un groupe à la croisée du rock FM et de la pop européenne, avec un accent anglophone très appliqué et une énergie qui évoque davantage les clubs bruxellois que les stades américains.
En fouillant un peu, on découvre que Sun Rock n’en était pas à son coup d’essai. Cinq ans plus tôt, en 1976, un single signé Sunrock (en un seul mot cette fois) paraît sur le label Oregon Records : Afternoon Breakdown couplé à Rodeo Round-Up. Même si rien ne prouve formellement qu’il s’agisse du même groupe, les indices concordent : origine belge, orientation rock, goût pour les titres en anglais et production locale. Le disque de 1976, aujourd’hui pratiquement introuvable, est référencé dans quelques bases de collectionneurs, et une poignée d’exemplaires circulent encore parmi les amateurs de raretés pressées en Belgique à cette période.
Aucune trace d’interviews, de concerts, ni même de coupures de presse n’a refait surface pour l’instant. Les archives belges de la RTBF ou de la Sonuma n’en conservent pas de mention connue, et les fanzines des années soixante-dix – Graf Zine, Etcetera ou Rock-News – ne semblent pas l’avoir chroniqué. Reste donc ce qu’on peut entendre : deux 45 tours, espacés de cinq années, qui témoignent de la vitalité d’une scène rock belge souvent oubliée, où l’on croisait des musiciens anglophiles, bricoleurs et ambitieux, enregistrant leurs morceaux dans de petits studios de Bruxelles ou de Liège avant de disparaître sans laisser d’adresse.
Sun Rock, ou Sunrock – peu importe au fond la graphie – appartient à cette catégorie d’ombres sonores qui peuplent la discographie belge des seventies et early eighties. Des groupes qui n’ont jamais connu la postérité mais dont les disques, ressortis des bacs ou exhumés sur Discogs, racontent à leur manière l’histoire souterraine du rock en Belgique.