Purin

En 1977, dans la ville de Tergnier, quelque part dans l’Aisne, un groupe au nom parfaitement provocateur voit le jour : Purin. C’est l’une de ces formations éphémères, nées dans le sillage de la vague punk anglo-saxonne, et qui ont gravé leur trace sur vinyle avant de disparaître sans laisser beaucoup plus qu’un 45 tours derrière elles. Le disque en question, sorti sur le minuscule label Oxygène (référence OXY 02), aligne deux titres chantés en anglais : "You Don’t Want" en face A, et "Don’t Leave Me Babe" en face B. Un son brut, un chant hésitant, une énergie adolescente, un mix approximatif, tout ce qu’on peut espérer d’un pressage punk rural de la fin des années 70. Mais aussi une sincérité palpable et ce petit frisson d’authenticité qu’aucune réédition de luxe ne pourra jamais reproduire.

Le groupe était composé de Patrick Pain (chant, piano), Damien Lecuyer (chant, guitare), Philippe Lacoche (guitare) et Gérard Lopez (chant, basse). Une bande de jeunes, visiblement déterminés à faire du rock’n’roll avec les moyens du bord, dans une ville plus connue pour ses usines que pour sa scène musicale. À l’époque, le punk français n’en est encore qu’à ses balbutiements. Hormis quelques figures déjà identifiées comme les Guilty Razors ou Asphalt Jungle, très peu de groupes sortent des disques, encore moins en province. C’est dire à quel point l’existence même de ce single relève presque de l’anomalie historique.

Aucune réédition connue, aucune anthologie ne les mentionne. Leur disque est aujourd’hui un petit graal pour les collectionneurs de punk obscur, un trésor de crate digger que l’on voit passer à l’occasion sur eBay ou Rakuten, souvent dans un état correct mais jamais pour longtemps. Sur la pochette, un visuel minimaliste, rose pâle, avec une photo du groupe. Sur YouTube, quelques vidéos permettent de se faire une idée de leur son : garage, tendu, maladroit, mais attachant. 

Une chose est sûr, Purin remporte haut-la-main le concours du meilleur nom de groupe (punk ? garage?) et rien que pour cela mérite que l'on écoute son single...