Luna

Au début des années 80, les synthés bourdonnaient fort à Madrid. Mais les ondes électroniques ne s’arrêtaient pas aux limites de la capitale. Elles rayonnaient doucement à travers tout le pays, contaminant les esprits mélomanes jusque dans les coins les plus inattendus. Comme Ponferrada, dans la province de León. (La ville de León se situe dans le nord-ouest de l'Espagne. Elle est la capitale de la province de León, qui fait partie de la communauté autonome de Castille-et-León. Géographiquement, León est bordée au nord par les Asturies, à l'est par la province de Palencia, au sud par les provinces de Zamora et de Valladolid, et à l'ouest par la Galice.)

C’est là qu’en 1981, Carlos Blanco (claviers, boîtes à rythmes) et Marián Fernández (chant) fondent Luna. Lui vient du rock progressif, elle des orchestres de bals. Inspirés par Mecano, Azul y Negro ou Video, ils bricolent un répertoire électro-pop léger et entêtant. Les rejoignent ensuite Diego González (guitare) et Berto Soto (basse).

Pendant un an, Luna se forge sur scène, écumant les discothèques du nord-ouest espagnol. Leur activité attire l’attention des producteurs Julio Ruiz et Paco Martín, alors aux manettes du sous-label MR chez Ariola. En mars-avril 1983, ils enregistrent leur premier album, « Luna », aux studios Kirios de Madrid.

La critique les compare aussitôt à Mecano — comparaison un peu agaçante pour eux, mais pas totalement infondée. On y entend aussi des influences d’OMD, jusque dans les sons de synthé à la Roland. Le single « Mi Verdad » cartonne cet été-là, précédé par « Es un Sueño », premier succès modeste. Luna passe à la télé, entre dans le Top 10, et se retrouve même en première partie de la tournée espagnole de leurs héros d’OMD.

Mais dès 1984, le vent tourne. Diego et Berto quittent le navire. Le groupe, réduit à un duo, publie « Tú De Qué Vas », en single et maxi. Malgré la production de Paco Martín, c’est un échec commercial cuisant, qui précipite leur départ d’Ariola.

Un dernier baroud d’honneur suit avec « Dioses Perdidos » (Twins, 1985), réalisé avec Manuel Toro aux arrangements. Le son devient plus pop, plus organique, moins électronique. C’est un disque discret mais honnête, qui marque la fin de leur aventure discographique. Luna continue quelque temps à se produire en Galice et dans la province de León, puis disparaît du paysage en 1986.

Luna reste dans les mémoires comme un groupe à hit unique. Une parenthèse fraîche, dansante, parfois naïve — mais typique de cette époque où tout le monde voulait sa part de Roland, de Revox, et de refrain accrocheur. Voici leur fameux hit "Mi Verdad" !