The Cousins fait partie de ces groupes dont on ne sait presque rien, mais dont les rares traces discographiques suffisent à alimenter un petit culte. Bien sûr, on ne parle pas ici du fameux groupe belge qui a connu son heure de gloire dans les sixties. Leur single "Sneakers / Puppeteer" est sorti en 1984 sur un label aussi insaisissable que son contenu, In-C’est Records. Le disque aurait été enregistré au Fresh Tracks Studio, ce qui laisse supposer — et uniquement supposer — une origine américaine, quelque part du côté de Philadelphie. Discogs évoque « ska-influence band from Philadelphia », indication reprise sans certitude par les blogs spécialisés. La musique ressemble à une new wave bricolée, légère, un peu ska, avec cette maladresse émouvante propre aux groupes locaux qui gravaient leur unique 7 pouces dans un studio anonyme. Il existe un autre single du groupe sorti un an avant et qui dans ses crédits cite Robert Cousin (d'où le nom du groupe) au chant, à la basse et à la guitare et Mark Amentt à la guitare, aux claviers et au chant. The Cousins incarnent cette part d’ombre de la scène indépendante américaine, celle des groupes éphémères, des one-shots oubliés, des vinyles pressés à 200 exemplaires pour un public local — puis disparus dans les limbes de l’histoire avant de réapparaître, trente ans plus tard, sur Discogs grâce à un collectionneur insomniaque. Si quelqu’un, un jour, retrouve un membre du groupe, une affiche de concert ou même une photo prise dans un sous-sol de Philadelphie, on tiendra enfin un morceau du puzzle. En attendant, Sneakers / Puppeteer reste un parfait exemple de ces disques fantômes que Bouloup aime déterrer : un objet minuscule, obscur, mais incroyablement attachant — et qui mérite au moins une trace écrite quelque part sur Internet.